Le lundi 8 février dernier, une E-rencontre, qui regroupait une centaine de participants, était organisée sur le thème « La détresse psychologique et matérielle des étudiants de  l’ULB : comment pouvons-nous agir ? »

Il s’agissait d’un débat interactif avec les délégués sociaux des étudiants et une délégation  d’étudiants de l’ULB, en présence de la Rectrice, de la Directrice générale et du Vice-recteur aux  affaires étudiantes ainsi que la responsable de PsyCampus, de la Cellule Santé ULB, du responsable  du Service social étudiants de l’ULB, du Président de l’UAE, d’un administrateur de Solidarité  Logement, et d’autres.  

La peine, le désarroi, le décrochage, les conditions sociales et morales d’une frange invisible de la  communauté estudiantine de l’ULB nous a été présentée. Nous avons été troublés, touchés, parfois  meurtris par les exposés et demandes d’aide concrètes qui ont été exprimées. Le comble de  l’indignité humaine a été atteint lorsqu’un étudiant a témoigné en disant qu’il lui arrivait de  rencontrer des étudiants qui faisaient les poubelles dans son quartier pour manger. 

Une idée s’est vite imposée en cours de réunion : donner à manger à ceux qui ont faim et créer du  lien social

AP-FAST a ainsi vu le jour en 48h. 

L’opération de solidarité s’intitule : « Bon APpétit les Amis ». 

Pourquoi ? 

Cette action a  pour but de faire d’une pierre deux coups :  

  • Réchauffer le cœur et contribuer pour une petite partie au bonheur des étudiants les plus  fragiles, en leur offrant gratuitement des repas de qualité une fois par semaine. 
  • Aider un restaurateur à survivre en ces temps difficiles

Comment ? 

  • L’ACE (Association des Cercles Etudiants de l’ULB) se chargera de mettre à disposition de l’opération 10 délégués sociaux pour accueillir les étudiants en détresse,  recréer du lien, expliquer en quoi consiste cette opération de solidarité.  
  • Des contacts ont aussi été pris avec l’ASEB Bruxelles (Association pour la Solidarité Etudiante  en Belgique) présente sur tous les campus, qui dispose d’une épicerie sociale au Solbosch et à Erasme. Cette structure existante est connue des étudiants défavorisés et nous permet de  distribuer nos repas aux plus nécessiteux.
  • Nous avons contacté un restaurateur dont la situation est aussi difficile. Cette  opportunité lui permettra de redémarrer doucement sa cuisine. Nous connaissons la qualité de son travail et sommes donc sûrs de livrer de bons petits plats aux étudiants. 

Objectif ? 

  • Nous offrirons 100 repas par semaine aux étudiants. L’ACE nous a  demandé de déposer ces repas sur le campus d’Erasme. Ceux qui n’ont pas été distribués seront rapatriés au Solbosch.  
  • Les plats et bocaux seront étiquetés pour répondre aux normes de l’AFSCA et conservés dans  les frigos de l’ASEB. 

Combien ? 

Un budget de 1.000 EUR TVAC all-in /semaine, est nécessaire pour monter l’opération. Ces 1.000 EUR hebdomadaires comprennent : 

  • Les matières premières 
  • Les plats et bocaux 
  • L’étiquetage 
  • La main d’œuvre 
  • Le coût de l’atelier de cuisine (loyer et charges prorata temporis
  • La livraison sur le campus 

Nous avons besoin de vous ! 

Un premier don conséquent nous a permis de financer les 100 premiers repas qui seront distribués ce lundi 15 février à Erasme, et AP-FAST a obtenu un accord de principe pour une deuxième livraison grâce à un autre don. 

Un rapport sur les résultats et un reportage photographique vous seront adressés la semaine  prochaine. Nous souhaiterions que cette opération ait lieu au minimum pendant 4 semaines. 

Si vous êtes sensibles à cette opération de solidarité, AP-FAST vous invite à y participer en faisant  un don sur : 

BE20 3100 0088 9456 – avec en communication : Bon APpétit les Amis 

Pour AP-FAST

Thierry, David, Pierre-Yves et Olivier

Communiqué de presse

Le Centre d’Action Laïque tient à réagir aux récents propos de Michel Etienne, Secrétaire général du SeGEC, au sujet de la rénovation des bâtiments scolaires. Le SeGEC s’invite dans le débat lorsqu’il s’agit d’argent public, quelle que soit la période critique vécue actuellement par les acteurs du monde de l’enseignement. Pour le Centre d’Action Laïque, les choses sont claires: si l’enseignement privé confessionnel veut obtenir le même financement que l’enseignement public, qu’il en assume les mêmes obligations, notamment en organisant le cours de philosophie et de citoyenneté (CPC) tout au long de la scolarité.

Pour le Centre d’Action Laïque, le débat actuel autour de la rénovation des bâtiments scolaires ne doit pas être confisqué par la lecture du SeGEC. En plaidant pour une nouvelle répartition principalement en faveur de l’enseignement confessionnel, le SeGEC illustre son obsession pour l’argent public, et ce au détriment de l’enseignement public. Si le chantier des bâtiments scolaires repose en partie sur les fonds européens du plan de relance et résilience (RRF), il est pourtant antérieur à celui-ci. L’aspect financier dévolu à la rénovation des bâtiments scolaires pour assurer leur transition énergétique n’est qu’un des aspects de ce chantier pharaonique. En réalité, l’élément central du chantier initié par la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) est en lien avec un enseignement moderne, égalitaire, public, respectueux du bien-être des élèves, des nouvelles pratiques pédagogiques et de la transition écologique. L’objet central du chantier est bien de faire du réseau Wallonie Bruxelles Enseignement (WBE) un enseignement d’excellence pleinement lié au Pacte, et dont les bâtiments scolaires sont intégrés dans un environnement urbanistique. Cette ambition pour l’enseignement public organisé relève davantage de l’existence des réseaux, si chèrement défendue par le SeGEC, que d’argent public. Cette vision d’un enseignement moderne implique par ailleurs des droits, mais aussi des devoirs. A cet égard, le SeGEC, si prompt à revendiquer des droits, est-il tout aussi enclin à respecter ses devoirs, comme la mise en place d’un vrai CPC ou des acteurs ÉVRAS (éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle) labelisés?

Par ailleurs, le Centre d’Action Laïque s’étonne que le SeGEC parle au nom des autres réseaux. Le Président du réseau officiel des communes et des provinces, Laurent Léonard, s’est d’ailleurs désolidarisé de cette revendication en précisant qu’il était « particulièrement outrancier de réclamer systématiquement de l’agent public tout en revendiquant son autonomie de gestion et sa particularité du secteur public ». Les autres réseaux s’étaient déjà distancés des propos de Monsieur Etienne en juillet 2020, lorsque celui-ci réclamait des millions pour faire face aux mesures sanitaires.

Un autre élément plus technique de cette répartition tient également à la faisabilité et à la garantie de l’obtention de ces fonds: ils nécessitent un engagement des fonds pour 2023 et une réalisation pour 2026. Or, de nombreux projets WBE peuvent être lancés directement afin de respecter les échéances.

Enfin, rappelons selon Michel Etienne que « les bâtiments des écoles catholiques sont des propriétés privées » et qu’un devoir d’entretien incombe aux propriétaires. Le réseau libre confessionnel brandit systématiquement l’argument de la propriété privée lorsqu’il s’agit de refuser le débat de la fusion des réseaux, mais se garde d’en parler lorsqu’il s’agit de revendiquer de l’argent public au détriment de l’enseignement public. Le réseau libre, financé par ailleurs par des fonds privés et bénéficiant d’un énorme patrimoine historique, émarge aussi aux fonds publics dans une mesure non négligeable. Comme le rappelle l’Aped (Appel pour une école démocratique), « les traitements représentent 90% du coût d’un élève. En d’autres mots, le ‘déficit’ de financement de l’enseignement catholique par rapport à celui de la FWB est seulement de 5% et non de 50%. Un élève d’une école catholique coûte à la collectivité 95% de ce que coûte un élève du réseau de la FWB »!

Le Centre d’Action Laïque, favorable à l’émergence d’un réseau unique, rappelle que la liberté d’enseignement ne va pas à sens unique, et qu’améliorer l’enseignement officiel organisé ou non ne doit pas dépendre des bons vouloirs du réseau confessionnel.

Le Conseil d’administration du Centre d’Action Laïque (CAL), réuni ce 23 janvier, a débattu de la récente décision de Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE) en matière de port des signes convictionnels dans ses établissements d’enseignement supérieur.

Le CAL prend acte de la décision prise par le réseau WBE de permettre dans ses écoles supérieures le port de signes convictionnels. Sauf à considérer qu’a prévalu une logique de compétition sur le marché de l’enseignement, cette décision n’était pas nécessaire ni induite par la jurisprudence de la Cour constitutionnelle. Le CAL regrette tant la méthode utilisée que la disparition d’un espace de neutralité.

Il déplore la justification publique – irrecevable – faite de cette décision, présentée comme « une démarche progressiste », ciblée sur un seul signe convictionnel (le voile) et, enfin, prise dans un prétendu souci d’émancipation et d’une neutralité plus inclusive. Pour le CAL, la neutralité demeure la condition de l’inclusivité. Le CAL refuse tout symbole lié à un phénomène de soumission à un dogme quel qu’il soit.

Il considère que les établissements d’enseignement supérieur qui ouvrent la porte au port de signes convictionnels sont responsables d’assurer que le prosélytisme sera combattu de même que toute tentative de faire pression sur celles et ceux qui refuseraient de porter leur signe d’appartenance communautaire ou convictionnelle. De fait, la Cour constitutionnelle a reconnu dans un arrêt du 4 juin dernier relatif au règlement d’ordre intérieur d’une école de la Ville de Bruxelles que cette pression sociale peut être une réalité.

Le CAL sera extrêmement attentif aux conditions de mise en œuvre de la décision et en particulier l’application des exceptions claires qui sont prévues, tenant compte de la teneur des enseignements (en particulier dans les sections concernant l’apprentissage des professions qui requièrent une exigence de neutralité). Le CAL demande aussi de s’assurer qu’aucune dérogation ne soit accordée par rapport à certains cours ni de possibilité de dérogation culturelle ou cultuelle par rapport aux contenus enseignés.

Le CAL redoute que la décision de WBE, difficilement compréhensible vu la souplesse existant dans le supérieur à l’heure actuelle, ne soit le prélude à un détricotage de la neutralité actuelle, et des acquis de la laïcité, dans l’enseignement obligatoire et l’administration publique.  Le CAL estime qu’il est plus que jamais nécessaire de clarifier la situation concernant l’enseignement obligatoire. Il réclame l’adoption d’une législation interdisant le port de signes convictionnels ou religieux dans tout l’enseignement obligatoire: l’école primaire et secondaire n’est ni un lieu de prosélytisme ni un lieu de prolongation des déterminismes sociaux ou familiaux. Cadre de vie et d’apprentissage, l’école doit être LE lieu de l’altérité qui ne peut donc pas être le lieu de séparation avec l’Autre.   

Dans l’attente de l’adoption de cette législation, pour l’enseignement fondamental et secondaire, le CAL demande au Conseil d’administration de WBE de confirmer immédiatement par décision formelle que le port de signes convictionnels ou religieux est interdit dans tous les établissements primaires et secondaires relevant de leur réseau.

Enfin, le Centre d’Action Laïque continue à plaider pour la mise sur pied d’un réseau d’enseignement unique, afin notamment de mettre un terme aux logiques de compétitions entre réseaux.

Alors qu’un groupe de travail composé de député(e)s de la Fédération Wallonie-Bruxelles entamera mercredi ses travaux sur le cours de philosophie et citoyenneté (CPC), le Centre d’Action Laïque invite les parlementaires à doter notre enseignement d’un outil à la hauteur des enjeux sociétaux: 2 heures obligatoires de philosophie et citoyenneté pour tous les élèves au nom de l’égalité et d’une actualité qui nous montre chaque jour la nécessité d’outiller nos jeunes face à la désinformation, aux fake news et à l’intolérance.

L’insurrection au Capitole a démontré une fois encore le réel danger que pouvaient engendrer la désinformation, les discours radicaux et l’intolérance, qui ne sont d’ailleurs pas sans rappeler mécanismes utilisés en Belgique par les groupuscules et mouvements d’extrême-droite, ainsi que par tous les partis politiques qui s’en revendiquent ou qui flirtent avec ces thèses au sein de nos assemblées parlementaires ou en dehors. Face à ces constats et ces enjeux fondamentaux, fournir à tous les élèves les outils pour développer leur esprit critique, leur questionnement philosophique et leur citoyenneté est une nécessité pour eux mais aussi pour notre démocratie. La lutte contre ces théories de post-vérité exige de traiter les informations avec un regard critique, et de pratiquer la décentration, c’est-à-dire la mise en perspective et l’interrogation de nos certitudes. Ces savoir-faire ne sont pas innés. Ils doivent être appris, mis en pratique, exercés, et le cours de philosophie et citoyenneté est le seul endroit qui garantit à tous les enfants francophones, ensemble, de bénéficier de manière équitable de cet apprentissage.

2 heures, c’est un minimum. C’est aussi une question d’égalité et de justice sociale.

Pour Véronique De Keyser, Présidente du Centre d’Action Laïque, « il s’agit de les initier à la culture du débat, au questionnement philosophique, à la construction d’un discours et d’une pensée critique, ainsi qu’à l’acceptation des différents points-de-vue sur des sujets variés d’actualité. Et cela, sans les cloisonner en fonction de leurs convictions religieuses (ou celles de leurs parents). Cet apprentissage est un vecteur d’égalité qui s’inscrit sur le terrain de la justice sociale: le capital culturel et symbolique d’un élève désigne en effet l’ensemble des habitus qui sont communs à la maison et à l’école. Or, la reproduction des inégalités en milieu scolaire, développée par les théories des sociologues Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, est alimentée par un mécanisme simple: le modèle culturel des catégories sociales favorisées sont reproduites par l’école dès le plus jeune âge. L’école sanctionne ce qui est culturellement légitime et favorise les enfants qui se l’approprient plus facilement. Le CPC a donc son rôle à jouer dans cette lutte contre les inégalités et peut offrir à tous les élèves – en particulier ceux qui sont culturellement défavorisés – les outils de philosophie et de citoyenneté. »

Pour le Centre d’Action Laïque, le référentiel existant pour les deux heures de philosophie et citoyenneté est à la hauteur des enjeux. Il répond aux perpétuelles interrogations – notamment parlementaires – concernant le bagage dont devrait être muni chaque élève dans sa formation citoyenne. Ce référentiel n’élude aucune question essentielle dont les questions religieuses et la pensée humaniste qui représentent des faits historiques et culturels incontournables. L’enjeu de la généralisation à deux heures du cours de philosophie et citoyenneté n’est pas la place de religions dans l’école mais bien, au bénéfice et dans l’intérêt supérieur de tous les élèves, une question fondamentale de société et d’adéquation de notre enseignement aux enjeux de sociétés actuels

Pour le Centre d’Action Laïque, au lieu d’identifier puis de séparer les élèves sur base de leurs convictions religieuses (ou celles de leurs parents), la Fédération Wallonie-Bruxelles doit mettre en place un cours obligatoire de 2h heures de philosophie et citoyenneté afin de renforcer leur développement critique et leur émancipation citoyenne au regard de nos valeurs démocratiques.